Nous avions vu dans la première chronique un secteur touristique innovant et créatif. Il fait face à un secteur du patrimoine en souffrance et des enjeux de conservation de plus en plus en présents. Réfléchir à de nouveaux usages touristiques et au développement de nouvelles destinations, sont deux des pistes de réflexion évoquées. S’ajoute à cela le rôle de la collectivité, qui doit faire émerger de nouvelles initiatives, accompagner les porteurs de projets et faciliter le rapprochement entre les différents acteurs locaux concernés.
Pour cette deuxième chronique, nous continuons à parcourir le salon du Patrimoine Culturel. Nous allons nous intéresser à ce rapprochement entre patrimoine, tourisme et territoire.
L’association Sites et Cités Remarquables, créée en 2000 pour regrouper les villes porteuses d’un site patrimonial remarquable, propose un certain nombre de suggestions. Celles qui me semblent essentielles et évoquées lors d’une conférence sont les suivantes :
1- La transversalité
Apporter une gouvernance partagée au sein du territoire et des projets.
Nous entendons par là, réunir autour de la table différents acteurs et mélanger les corps de métier. Tout ceci dans une logique de maitrise des flux touristiques et d’un développement territorial plus durable.
Indispensable selon moi, mais encore peu courant aujourd’hui. L’association évoque un travail en interministériel à pousser, une convention Tourisme & Culture qui sera bientôt signée et des séminaires de territoires à organiser.
2- La formation
Pour les structures, il serait intéressant de proposer une formation professionnelle pour répondre notamment à un manque au niveau de l’ingénierie de projet.
Pour les activités touristiques, ce serait de la formation qui s’apparente plus à de la sensibilisation auprès des visiteurs et habitants. Je pense notamment au tourisme industriel et aux métiers d’art avec la visite des ateliers.
3- L’accueil et la connaissance
Il faut repenser la clientèle. Observer et étudier les attentes des visiteurs, cela vous paraît essentiel et logique ? Oui ! Mais là encore peu de bases de données et encore moins communes…
Ne pas oublier la clientèle de proximité. En 2016, elle a réussi à combler le manque de visiteurs internationaux, elle n’est donc pas négligeable.
4- La mise en récit des destinations
Nous rejoignons ici l’idée de l’imaginaire. Il faut raconter une histoire.
Mélanie Bir, chef de produit marketing tourisme et culture d’Atout France, nous parle d’inspiration et de création d’expérience. Il faut imaginer les sites comme des lieux de vie et faire en sorte que les habitants et visiteurs aient envie d’y rester et de s’y intéresser.
Elle ajoute que nombreuses sont les recherches sur le web ; la vidéo serait ainsi un bon média web à utiliser pour susciter l’émotion et le désir de voyager.
Les labels et marques territoriales, outils de rapprochement ?
Les labels et marques, comme dans beaucoup de secteurs, sont nombreux et manquent de visibilité. Mais ils permettent un travail commun et répondent en partie aux quatre suggestions citées précédemment.
Alain Vogel, maire de Pézenas, label Ville d’Art et d’Histoire, également membre du réseau Ville et Métiers d’Art, nous dit que « travailler et collaborer avec les autres acteurs fait évoluer la ville dans une mise en lumière. C’est stimulant » rajoute-t-il. « Les labels ont été des incitations à développer des politiques culturelles, a être actif et pro-actif ».
Caroline Michel, en charge des politiques patrimoniales de la ville de Bastia, nous montre également l’importance de la mise en place de ce label. Deux millions de passagers transitent à Bastia mais n’y restent pas, mais comment les retenir ? Par une mise en valeur du patrimoine ? Elle nous explique que les habitants ne percevaient pas la beauté de leur ville ni l’importance qu’elle avait. Ils fuyaient même le centre-ville. La mise en place du label Ville d’Art et d’Histoire a permis aux habitants de comprendre, de communiquer et de développer économiquement leur ville. Ils ont été impliqués et ils sont devenus ambassadeurs. En 1998, la durée moyenne de séjour à Bastia était de 2,5 jours, aujourd’hui, elle est de 4,5 jours.
Ces labels sont donc un bon moyen de relancer le territoire autour de l’économie du patrimoine.
Si vous souhaitez réagir, témoigner sur le rapprochement de ces secteurs du patrimoine, tourisme et territoire ou tout simplement me contacter, n’hésitez pas !
À suivre, un focus sur une marque territoriale : les Petites Cités de Caractère.