Chronique sur le salon du Patrimoine Culturel 2017 - Katia Boulinet

Première chronique d’une idéaliste au salon du Patrimoine Culturel 2017

 

Mon pass pris, j’enfile mes baskets, attrape une bouteille d’eau, direction le Carrousel du Louvre, pour un marathon semé de désillusions parfois, mais d’optimisme surtout !

Chronique sur le salon du Patrimoine Culturel 2017 - Katia Boulinet
Stands, démonstrations, conférences, réseautage, je vous passe les détails, j’arrive au Salon International du Patrimoine Culturel, bille en tête, comment utiliser le tourisme et le patrimoine culturel comme levier économique d’un développement territorial durable ?
Ça tombe bien, c’est le thème de cette 23ème édition du salon.

J’avais néanmoins oublié que l’on « affrontait » deux secteurs d’apparence différents : le Patrimoine versus le Tourisme !
Quand l’un parle de visiteur, l’autre parle de client, quand l’un évoque un manque de subventions, l’autre envisage des alternatives…, au fond, les deux servent bien la même chose, la CULTURE !

Et la culture n’est-elle pas un vecteur essentiel pour valoriser l’identité d’un territoire et créer du lien social ?

 

Mais alors pourquoi et comment valoriser le patrimoine par le tourisme ?

 

Rafraichissons-nous la mémoire avec quelques chiffres

Le secteur du tourisme en France représente 7% du PIB avec 2 millions d’emplois. La fréquentation touristique augmente, avec un objectif de 100 millions de visiteurs par an. L’OMT prévoit tout de même 2 milliards de touristes dans le monde en 2030, un secteur qui ne cesse de croître !

Quant au patrimoine, si nous nous concentrons uniquement sur le bâti, nous avons 44.600 monuments en France, dont la moitié appartient à des propriétaires privés. Aujourd’hui, les fonds publics ne suffisent plus ; l’enjeu de la conservation et de la rénovation des patrimoines est tel, que trouver des leviers pour favoriser la création d’activité se fait pressant.
Le patrimoine est le premier élément recherché par les visiteurs étrangers en France. Il est donc source de motivation pour partir à la découverte d’une nouvelle destination.

 

Quelles solutions mettre en place ?

Développer une activité touristique marchande au sein de sites patrimoniaux pourrait permettre de créer et maintenir une activité à rayonnement ; d’une part, pour répondre à l’enjeu de conservation, d’autre part, pour attirer une nouvelle clientèle.

 

Comment savoir si cela fonctionne ? Le marché du tourisme culturel existe-t-il ?

Le Ministère de la Culture a demandé un diagnostic sur l’existence d’un marché potentiel et sur la définition des conditions de réussite. Cette étude a pour object de proposer des outils opérationnels dans l’accompagnement de projet.

En attendant les résultats qui sortiront très prochainement, voici déjà quelques enseignements à tirer :

*L’appétence pour le patrimoine est très forte. En effet, le Français est fasciné par son patrimoine, il en est un grand fervent de sa sauvegarde.

*Un ancrage territorial fort des patrimoines et une location qui a son importance.
La fréquentation touristique étant difficile dans certains lieux voire inexistante, la location peut devenir un élément discriminant. Une mise en tourisme réussie ne pourra se faire que par le montage de projet et par la création de nouvelles destinations !
C’est là que la collectivité doit rentrer en jeu ! En tant que facilitatrice elle devrait détecter les pépites, accompagner les porteurs de projet, et repérer ces créations de destinations.

*La France et le secteur touristique laissent place à la créativité et à l’innovation.
Faire vivre un patrimoine… montrer le patrimoine autrement… voilà ce que j’ai pu entendre au détour de ma visite au salon.
Christelle Taillardat du comité départemental de tourisme de l’Aube nous parle ainsi d’incubateurs, de slow tourisme, de serious game etc. La start-up Ricochet a par exemple développé une expérience sur le peintre Renoir avec des pierres chaudes. Ces pierres chauffent, dès que vous vous approchez d’un lieu visité par Renoir.
Alors, l’innovation technologique oui ! Mais attention, la remarque d’Alexandre de Voguë, propriétaire du château Vaux-le-Vicomte est très juste : « Il faut une vision et une volonté pour ne pas dénaturer l’âme du patrimoine ! Un pré-requis indispensable ! Mais la technologie doit être au service de l’esprit du lieu et non à l’économie du lieu ! »

 

C’est sans compter le millefeuille territorial…

Des enjeux de sauvegarde d’un côté, des solutions innovantes de l’autre, une pincée de visibilité, une cuillerée d’ingénierie de projet, on lie tout ceci avec la collectivité… avons-nous la recette miracle ?

Rapprocher les acteurs du tourisme, de la culture et de la ville, n’est pas chose aisée. Ce n’est pas sans rappeler notre millefeuille territorial où la compétence touristique semble aujourd’hui être récupérée par les intercommunalités alors que la culture est restée aux communes. Comment les faire travailler ensemble ?

Réponse à la prochaine chronique ! Si vous souhaitez en savoir plus, contactez-moi

4 Replies to “Première chronique d’une idéaliste au salon du Patrimoine Culturel 2017”

  1. Bonjour Katia,
    merci pour ce billet fort intéressant ! J’ai manqué votre dernier apéro ESS. J’aurais voulu pourtant, mais en tournage…
    Restons en contact
    Marlies

  2. bonjour katia,
    acteur de la culture dans un contexte patrimonial et touristique a priori attractif (le val de loire entre angers et Nantes; je peux vous dire que les collectivités et les élus au lieu d’etre la solution constituent justement un problémle supplémentaire voire le probléme; par manque d »e compétence et manque de formation mais aussi besoin de controle§

    1. Bonjour Alexandre,
      Merci d’avoir pris le temps de lire l’article et d’y réagir !
      Je suis en phase avec vous, les collectivités ne sont pas la solution mais la création de nouveaux usages !
      Lorsque j’évoque les collectivités, c’est plutôt pour parler de leur nouveau rôle de facilitateur et donc, être présent pour impulser et non freiner ! Je suis entièrement d’accord avec vous, aujourd’hui elles manquent de compétences en ingénierie de projet, d’où mon attente grandissante de l’étude que je cite dans l’article, censée donner des outils opérationnels. Quant au contrôle et l’évaluation des impacts / résultats… je ne peux que vous rejoindre là-dessus, problème récurrent dans le domaine très large du développement durable.
      Ce serait avec plaisir d’échanger avec vous à ce sujet et d’en savoir un peu plus sur ce que vous faites en Val de Loire.
      Bien à vous,
      Katia

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